Ballet-pantomime issu du répertoire français classique, La Fille mal gardée fut redécouvert par Frederick Ashton en 1960 qui le réadapta dans une version légère et modernisée, inscrite au répertoire de l’Opéra de Paris depuis 2007. Peinture pittoresque de la France paysanne, La Fille mal gardée est une comédie haute en couleur mais aussi ballet virtuose, où les variations s’enchaînent allègrement. C’est aussi l’occasion de rafraîchir l’art désuet de la pantomime, grâce à une chorégraphie vive, et surtout grâce à une performance théâtrale remarquable de la part des interprètes de l’Opéra de Paris, particulièrement débridés dans les seconds rôles.
Fleuron du ballet français classique, La Fille mal gardée (ou plutôt le Ballet de la Paille, tel qu’il fut initialement intitulé lors de sa création en 1789 par Jean Dauberval) est l’un des rares ballets du XVIIIème siècle à avoir traversé les siècles. Le ballet est une intrigue burlesque qui met en scène Lise, une jeune paysanne qu’une mère acariâtre mais dupe ne parvient pas à chaperonner. Alors qu’on la promet à Alain, un bon parti, Lise s’éprend du jeune moissonneur Colas. Alain découvre ce badinage et renonce à Lise, qui épouse Colas sous des auspices maternels finalement cléments. Influencé par le succès de la comédie italienne au 18ème siècle, La Fille mal gardée s’affranchit des codes du ballet classique de cour pour faire la part belle à la pantomime et brosser un portrait naturaliste de la ruralité française. Un registre comique cocardier qui préfigure des œuvres tels que l’opéra-comique La Fille du régiment un demi-siècle plus tard. Frederick Ashton fait revivre cet héritage en célébrant cette ruralité française : c’est un cortège de coqs et de poules qui défile après l’ouverture du rideau, les costumes évoquent une paysannerie magnifiée, les personnages dansent avec des fourches et des bottes de paille, on baratte le beurre et on file la laine sur scène. La pantomime est souvent potache (chutes en arrière, fessées,…) mais comprend parfois des moments plus malicieux (notamment le rêve d’enfants de Lise, exprimé à haute voix et surpris par Colas).