C’est une invitation à un voyage hors du temps que nous offre Leonard Slatkin avec l’œuvre Saraband « For Katharine in April » de Ron Nelson. Le spectateur se laisse envelopper par la mélodie céleste et les thèmes, tantôt donnés aux vents, tantôt aux cordes, et parmi lesquels on devine différentes influences. Si cette danse est d’une absolue douceur, elle n’en est pas moins puissante, comme en témoigne le magnifique crescendo qui s’étire, à l’image d’une fleur qui s’ouvre, pour ensuite laisser le son s’effacer dans le silence.
L’orchestre enchaîne avec la Symphonie No.3 de Brahms. Tout au long des mouvements, le chef d’orchestre Leonard Slatkin, qui dirige par cœur, nous montre qu’il est véritablement connecté à ses musiciens : il communique avec eux et les conduit, mais il sait aussi leur laisser une certaine liberté dans les moments de solo plus expressifs.
Le premier mouvement commence avec un magnifique piano de l’orchestre, qui sublime le thème joué à la clarinette. Par la suite, on remarque de nombreux motifs dansants, dont l’esprit est accentué par l’orchestration très homogène : les instruments de l’orchestre se répondent tour à tour. Le compositeur joue entre des moments de tension, plus sombres, avec notamment le grondement des timbales, et des éclairages soudains.
On retrouve la clarinette dans le deuxième mouvement, Andante, à l’ambiance plus intime que le premier. Là encore, une phrase mélodique nous porte parmi les différents pupitres de l’orchestre, dans un son continu, sans heurts. À peine terminé, l’enchaînement se fait avec le troisième mouvement, Poco allegretto, dont la mélodie est si célèbre, et qui a d’ailleurs été reprise par plusieurs chanteurs. L’atmosphère mélancolique et nostalgique ne peut que vous envahir à l’écoute du thème, exposé par les violoncelles. Dans le passage central arrive un moment moins lyrique, plus piqué, que l’Orchestre National de Lyon teinte de « swing » et de rebondi. Enfin, l’ultime reprise du thème, par le cor, est sublime : la mélodie nous ensorcèle encore une fois, et la difficulté de la partition ne réussit pas à déstabiliser le soliste dont le jeu est fluide et d’une extrême délicatesse.
Le quatrième mouvement renoue avec les tensions dramatiques, et une véritable bataille se livre entre les modes majeur et mineur, entre la lumière et l’ombre. L’intensité est décuplée par les nombreux accords puissants : on aurait pu croire que la symphonie s’achèverait sur ce paroxysme, il n’en est rien. Les teintes d’espoir reviennent avec l’apaisement, les dernières notes sont sereines et calmes.