Chaque année à Noël les œuvres de Bach sont à l’honneur. Cette fois-ci l’Orchestre de Chambre de Paris nous emmenait avec la famille Bach, du père Johann Sebastian à ses fils Wilhelm Friedemann, Carl Philipp Emanuel et Johann Christian. Une promenade à Leipzig où écoles allemande et italienne s’entrelaçaient subtilement. L’occasion aussi pour le public parisien d’applaudir les violonistes et sœurs Nemtanu.
La Symphonie en ré majeur de Wilhelm Friedemann Bach (1710-1784), composée de 1740 à 1745 à Dresde évoquait d’emblée les fêtes galantes avec sa rondeur de notes, sa couleur et son style enjoué. Les mouvements - Allegro e maestoso, Andante et Vivace – étaient menés de façon large par le chef d’orchestre Sir Roger Norrington et mettaient en valeur les bois – hautbois et flûtes. Cette direction aurait pu les faire briller mais les flûtes avaient malheureusement un son trop voilé. Une symphonie dont on finissait l’écoute en pensant à l'Italie.
Le Concerto pour violon et orchestre en la mineur du père, composé de 1718 à 1722 au château de Köthen tranchait par une attaque directe de l’Allegro, des coups d’archet vifs – trop vifs à mon goût – de Deborah Nemtanu. Un jeu qui a marqué la soirée mais que j’aurais souhaité plus doux et consensuel. Ce concerto s’inscrivait d’entrée, lui aussi, dans la lignée italienne, notamment celle de Vivaldi : un Allegro qui oppose avec force les épisodes de l’orchestre et ceux de la soliste, un Andante lent avec une basse au leitmotiv altier pendant que la soliste déploie des trésors de virtuosité technique et, comme final, une gigue qui se distingue par son interprétation et son rythme endiablé.
La Symphonie en mi bémol majeur de Carl Philip Emanuel (1714-1788) composée en 1776 à Hambourg alterne des mouvements brusques aux contrastes forts, et un Larghetto d’une grande poésie qui laisse l'auditeur rêveur.
Le Concerto pour violon et orchestre en mi majeur du père, composé dans la même période que l’autre concerto était l’occasion de découvrir le jeu de l’autre sœur Nemtanu, Sarah. Jouant avec beaucoup d’émotions, elle dégageait la même énergie que sa sœur et marquait les esprits par un jeu vif respectant toutefois le caractère grave de l’œuvre. Un concerto à nouveau très italien dans sa construction : des figures demandant une grande virtuosité technique à la soliste venaient orner le thème joué par l’orchestre.