On a plusieurs raisons de se réjouir d’assister, en ce 29 février, au concert de l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Daniel Harding : d’abord le format – moins de 70 minutes sans entracte – expérimenté ailleurs avec succès, repris cette saison à son compte par la Maison de la radio et de la musique ; ce n'est pas un hasard si l’auditorium est comble d’un public très familial. Le programme y est évidemment aussi pour quelque chose : Les Planètes de Holst sont un tube, surtout depuis que John Williams s’en est inspiré sans vergogne dans sa musique de Star Wars !
L’autre raison plus personnelle est le bonheur de retrouver ensemble le chef anglais et le Philhar' neuf ans après une rencontre mémorable à tous points de vue – c’était au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo et avec la participation du regretté Lars Vogt en soliste. Les années ont passé, Daniel Harding est devenu pilote d’Air France, a dirigé l’Orchestre de Paris le temps d’un bref mandat, mais ce soir le sentiment qui domine dès l’entame du concert est celui d’une entente immédiate, complète, entre les musiciens et le maestro.
Et puis il y a la présence d’un compositeur dont on a suivi pas à pas le formidable parcours, depuis l’audition il y a 30 ans de son premier quatuor ici même dans le cadre du festival Présences : Éric Tanguy. À ce programme « planétaire » figure la première parisienne de son poème symphonique Constellations, commandé par le Festival de Besançon en 2018. Le compositeur se dit « amoureux du beau son symphonique » et met en avant l’idée de « lyrisme orchestral ». Précisément, ce qu’on aime chez Éric Tanguy, c’est qu’il fait ce qu’il dit : l’écriture est aussi dense que précise, il n’oublie jamais ses modèles revendiqués, Sibelius et Dutilleux. Daniel Harding décante, éclaircit la matière sonore, tout en lâchant la bride à des musiciens manifestement ravis de l’opulence de ces Constellations.
Mais on s’interroge en écoutant cette manière de prélude aux Planètes qui vont suivre : le cylindre que forme l’auditorium de Radio France, inauguré il y a bientôt dix ans, n’est pas adapté acoustiquement au très grand orchestre. Même si le chef prend soin de calibrer, d’équilibrer la puissance de ses pupitres, il ne peut, sauf à dénaturer la substance même des œuvres, éviter une saturation certaine.