Pour cette soirée qui met à l’honneur le compositeur russe Tchaïkovski, l’Orchestre National de Lyon dirigé par Vladimir Fedosseïev s’attaque à deux œuvres monumentales : l’une, le Concerto pour violon en ré majeur, est désormais une pièce incontournable du répertoire violonistique ; l’autre la symphonie dite « Manfred » est au contraire peu jouée. Cette dernière porte le nom de symphonie et s’articule en quatre mouvements ; elle est une commande faite au compositeur sur le thème du poème dramatique Manfred de Lord Byron et est davantage considérée comme de la musique à programme, sur le modèle de la Symphonie fantastique de Berlioz.
C’est avec le célèbre concerto que débutent les festivités. À peine le violoniste a-t-il esquissé les premières notes de la mélodie du premier mouvement que nous retenons notre souffle. L’œuvre est certes connue, mais elle n’en fait pas moins son effet. Kirill Troussov joue avec délicatesse et force ce thème communicatif, l’orchestre jouant davantage un rôle d’accompagnateur. Au fur et à mesure, la mélodie est étoffée avec de multiples ornementations qui permettent au violoniste de dévoiler peu à peu sa virtuosité, qui explose dans une cadence non dénuée de sensibilité.
Changement de décor dans le deuxième mouvement, plus intime. Tout est douceur, l’orchestre est tapi dans l’ombre, les cordes sont en sourdine et parfois s’échappent de subtiles envolées des vents en réponse au soliste. Le violon est chantant, et ses états d’âme se traduisent par des phrases qui exploitent aussi bien les graves que les aigus.
Un coup de timbale comme un coup de tonnerre retentit en guise d’introduction au dernier mouvement, avant de faire place au thème dansant et rebondissant. Quelques intermèdes plus lyriques brisent la course du Finale : Allegro vivacissimo, avant qu’elle ne reprenne son cours pour une coda éclatante où l’orchestre et le violoniste se rejoignent.
Après cette performance dynamique et sensible, Kirill Troussov nous offre un bis qui vient souligner encore une fois sa virtuosité avec Il Carnavale di Venezia de Paganini. Sur un ostinato en pizzicati de l’orchestre, le violoniste s’amuse à partir d’un simple thème joyeux et nous entraîne pour une dernière danse en sa compagnie.