L’offre musicale s’est de nouveau enrichie : la Seine Musicale, bâtiment hors norme conçu par les architectes suisses Shigeru Ban et Jean de Gastines, a livré ses premiers concerts le weekend dernier. Construite sur l’emplacement des anciennes usines Renault, cette nouvelle scène musicale porte au nombre de trois le nombre d’auditoriums flambant neufs récemment inaugurés à Paris.
La Seine Musicale ? Un bâtiment en forme d’embarcadère dont les espaces immenses paraissent s’enfoncer à perte de vue, et où des hublots pratiqués dans les murs dévoilent plusieurs salles de répétition en contrebas ; embarcadère que l’auditorium – sorte d’œuf de Fabergé posé sur l’édifice - domine de sa hauteur et de sa rotondité. Enfin, c’est dans le cadre assez surprenant de cet « œuf » que vient se nicher la salle de concert à proprement parler. Et quelle salle ! D’une jauge de 1150 spectateurs, à mi-chemin (par la forme, le volume) entre Philharmonie et Cité de la musique, elle respire un je-ne-sais-quoi d’oriental : moucharabiehs au plafond, marqueterie aux murs (tout en bois et sertis d’alvéoles), ainsi qu’une antichambre aux airs de hammam. Ici, le mot « écrin » prend tout son sens. À noter également, le charme et la gentillesse exemplaire du personnel de salle...
Nul doute que l’auditeur allait trouver l’Insula Orchestra parfaitement préparé, encore qu’à Laurence Equilbey seule revient le mérite de cette exécution nerveuse, tutta forza, avec une mise en place précise et sans faille. Alors certes, elle appelle de ses instrumentistes peut-être un peu plus d’énergie et de jarret qu’il n’est nécessaire, mais le rythme, la rigueur du mouvement d’ensemble montrent à l’œuvre, de bout en bout, une véritable respiration collective. Au reste, l’Insula orchestra ne paraît pas tant cultiver la profondeur du souffle orchestral qu’une fulgurance de son et de timbre : l’ouverture du Freischütz, tour à tour foudroyante et haletante, le montrait parfaitement.