Pour le deuxième concert célébrant le trois cent cinquantième anniversaire de la fondation des Invalides, le Concert Spirituel propose ce soir un programme bien rôdé, parfaitement adapté à la magnificence du lieu. Succédant à la présentation sobre et pondérée de Christine Dana-Helfrich (Conservatrice du musée de l’Armée), Hervé Niquet soulignera plus trivialement les conditions financières très avantageuses dont bénéficiait Marc-Antoine Charpentier au service de la Princesse de Guise… La glace étant rompue, une ouverture du Malade imaginaire très animée ouvre la première partie du programme en révélant une équipe très soudée. La concentration est palpable, l’assise rythmique infaillible.
Quittons le théâtre pour célébrer au fil des pièces la Vierge, les saints Louis et Xavier et pour finir Emmanuel-Maximilien, Duc de Bavière. Ce chemin du mystique au profane est mené tambour battant par un Hervé Niquet dont la direction efficace est moins athlétique qu’à l’accoutumée. Enchaînant les sections avec une parfaite fluidité, négociant changements de mesure et de caractère, il tient dans sa main un chœur à l’homogénéité sans faille et met à l’honneur la grande structure.
Le trio masculin est ce soir superbement représenté par la basse-taille Jean-Christophe Lanièce dont on appréciera cependant davantage le beau métal de la voix dans le Te Deum, le haute-contre Clément Debieuvre à l’aigu facile et François Joron (taille) dont le timbre très séduisant et l’engagement expressif conviennent autant au genre héroïque qu’au récit. Côté sopranos, l’aigu rayonnant et la prononciation distincte d’Alice Glaie produisent un contraste intéressant avec le timbre chaud et sensuel de Julia Beaumier. Les deux chanteuses tireront de leurs natures opposées un effet saisissant dans les unissons du Te Deum.