S’inspirant du hip-hop autant que de la danse moderne, la chorégraphe Blanca Li est connue pour son aptitude à mélanger les styles. Elle met le mouvement au service de ses idées et développe ainsi des formes scéniques narrativisées, avec une dramaturgie très travaillée construite autour d’une thématique forte. Avec Solstice, présenté pour la deuxième fois à Chaillot, Blanca Li « souhaite contribuer à la dynamique de sensibilisation » concernant l’écologie, et affirme qu’il s’agit du « plus engagé de ses spectacles ». En lisant la note d’intention de la chorégraphe, on se sent d’emblée séduit par cette proposition ancrée dans un sujet brûlant d’actualité et on s’attend à être éblouis par un spectacle poétique au message puissant. Mais ce n’est pas ce qui se produit, du moins pas pour tout le monde ; si une grande partie du public semble émue et conquise à l’issue de la représentation, quelques personnes isolées affichent une nette déception. Une question de goûts, sans doute.
Pour dénoncer les catastrophes naturelles que subit la planète à un rythme effréné, les menaces qui pèsent sur l’avenir en raison de la négligence de l’Homme, et inciter à agir, quoi de mieux que mettre en scène les quatre éléments et rendre hommage à leur beauté, due aussi bien à leur fragilité et à leur majesté ? Dès le lever du rideau, on aperçoit sur le plateau nu – avec une partie inclinée au fond façonnant un accès en toboggan – quatre colonnes de verre où des corps des danseurs se dédoublent, décorés par des effets de lumière qui donnent à voir en eux le feu, la terre, l’eau et l’air. Cette séquence introductive, qui dure à peine une ou deux minutes, n’a pas d’intérêt particulier mais restera le moment sans doute le plus poétique du spectacle. On assiste ensuite à un enchaînement de tableaux, plus ou moins longs, mis bout à bout sans véritable logique (à l’exception de la dernière, les scènes sont complètement interchangeables), et souffrant de leur caractère trop explicite, souvent terre-à-terre. A l’exception des transitions inexistantes – musique coupée, noir scène – voire carrément ratées – les danseurs qui parlent en coulisses ! –, la performance artistique en tant que telle est aboutie et bien réalisée : la scénographie est intéressante, avec un système de draps blancs savamment agencés (comme des vagues) montant et descendant tour à tour pour recouvrir le plateau différemment ; les lumières diverses et les vidéos de paysages projetés sur ce dispositif ou directement sur le sol permettent de modeler l’espace pour créer des atmosphères adaptées à chaque tableau ; les 14 danseur.se.s débordent d’énergie et livrent avec efficacité voire ardeur les séquences chorégraphiques qui se succèdent.