A seulement 33 ans, le chorégraphe suédois Alexander Ekman a déjà à son actif une dizaine de pièces créées pour les plus prestigieuses compagnies de danse européennes – le NDT, le Ballet national de Norvège, le Ballet Cullberg, le Ballet Royal Suédois, ou encore le Ballet de l’Opéra du Rhin. Avec Play, première création du chorégraphe pour le Ballet de l’Opéra de Paris, Alexander Ekman métamorphose la scène du Palais Garnier en un vaste espace de jeu, où les danseurs déferlent, animés par une surexcitation contagieuse. Toutes sortes de jouets et d’accessoires – ballons de baudruche géants, bulles de savon, brouettes, cordes à sauter… – affluent sur scène, dans un bouillonnement véritablement jouissif. Loin d’être un enfantillage, le jeu désinhibe et libère l’imagination, se révélant ainsi une étape essentielle du processus créatif. Accompagné par le jazz rythmé de Mikael Karlsson, Alexander Ekman signe à la fois une chorégraphie vivante et une scénographie audacieuse, qui transportent le spectateur dans une liesse réjouissante.
Play démarre avec la projection d’un générique qui défile sur le groove immédiatement entraînant de la partition de Mikael Karlsson. Puis le rideau s’ouvre et laisse apparaître un décor aussi minimaliste que monumental. La scène se transforme en une immense cour de récréation, où les danseurs s’égayent, courent, crient et rient, tandis qu’une maîtresse d’école façon Another Brick in the Wall surveille et réprouve les turbulences. La mise en scène regorge de surprises : des cubes volumineux descendent du plafond, telles d’étranges météorites, et des balles vertes pleuvent soudain sur la scène pour former une immense piscine à balles dans laquelle les danseurs se jettent avec gaité. Play montre l’insouciance et la joie de l’enfance, mais aussi son imaginaire sans bornes, peuplé de ses héros (un cosmonaute, une robe de mariée, un fantôme) et de ses angoisses (une meute de femmes-cerfs, au mouvement superbement animal, perchées sur pointes et casquées de bois de cerfs).