Après avoir été contrainte d’annuler sa venue à Québec en 2018 pour des raisons d’obtention de visa, la pianiste arménienne Nareh Arghamanyan s’est finalement produite avec l’Orchestre symphonique de Québec et son chef Fabien Gabel jeudi soir. Cette fois-ci, c’est toutefois le public qui était aux abonnés absents, ne remplissant peut-être qu’un quart de la salle à cause de la fureur des éléments (neige et vents abondants secouaient alors la capitale québécoise). La sympathique série des concerts du jeudi (des soirées commençant plus tôt et données sans pause) nous a donné l’occasion d’entendre la musicienne dans le redoutable Concerto pour piano n° 2 de Brahms, un des monuments du répertoire pianistique, après la Suite de danses Sz. 77 de Bartók, interprétée par l’orchestre seul sous la direction de Fabien Gabel.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la pianiste de 31 ans, connue pour sa victoire au Concours international de Montréal en 2008, n’est pas apparue sous son meilleur jour. Il y a bien de beaux moments, comme son premier solo du troisième mouvement, juste assez dramatique, ou ses interventions fougueuses du deuxième mouvement. En fait, il y a beaucoup de musique dans ce qu’elle fait. Le problème, outre des nombreux accrocs qui trahissent des doigts mal assurés (ce qui semble aggravé par des tensions dans le haut des bras), c’est qu’entendre marteler le piano pendant cinquante minutes n’est pas du meilleur effet. La main gauche est souvent beaucoup trop violente, notamment dans le premier mouvement, cela frisant parfois la limite du supportable. Ce déséquilibre des deux mains s’ajoute à une sonorité souvent sèche. Une salle ingrate comme Louis-Fréchette requiert pourtant quelque peu plus de générosité à ce chapitre pour pallier l'aridité de l’acoustique.