Happé par les Grands Interprètes au milieu d’une tournée européenne, le Bach Collegium Japan fait escale à Toulouse. Non pour y donner une de ces cantates qui ont fait leur notoriété au disque, ni pour une autre Passion après la saint Jean de l’année dernière à la Halle aux grains, mais dans un programme intégralement consacré à Mozart.
La Quarantième Symphonie, qui ouvre la soirée avant le Requiem que tous attendent, n’est en rien une simple mise en bouche ; tendu, nerveux sans recherche du legato, tirant un son d’ensemble impressionnant, l’orchestre est éblouissant. On est en pleine nature : cordes en boyaux, archets courts en crin, cors naturels, timbales à peau animale, jusqu’à la plume d’oiseau qui permet aux hautboïstes de nettoyer le corps de leur instrument, tout se fond dans une identité sonore typée et juste. Masato Suzuki dirige sur le temps, complètement « avec » ses musiciens, à deux bras, volontiers couché en avant vers les instrumentistes, presque à genoux pour implorer de la douceur, vibrant d’une gestuelle dynamisante et jamais violente.
Dès les premières notes du « Molto Allegro », les altos divisés installent une inquiétude ahanante. Les basses sont souples, discrètes et solides. Les violons ne sont pas toujours unis et justes, mais on est tellement sous la coupe du charme puissant des bois que tout passe ! Que cela chante bien ! Farouche et déterminé, le « Menuet » est un bijou d’accents, variés, nerveux et jamais secs. Soumises à rude épreuve dans le finale, les cordes tiennent bon : face aux tenues habitées et armées d’intentions, face aux traits virtuoses, on est malmené, secoué, plongé avec violence dans une angoisse indicible.