Quoi de mieux pour introduire Mozart que Mozart lui-même ? Avec l’ouverture de la Flûte Enchantée, l’Orchestre de l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia introduisait, par la présidence de David Afkham, à une soirée pleine de délicatesse et d’humour. La programmation invitait aussi à s’interroger sur le rapport de ces compositeurs aux autres artistes de leur temps ou de l’histoire de la musique en général : « Si Mozart pourrait être accusé de plagiat pour avoir piqué vingt notes chez Clementi, que devrait-on dire de Chostakovitch qui, dans sa dernière Symphonie, cite de nombreux compositeurs avant de se citer lui-même ? ». Dans ce concert où courait la question des filiations, on ne doutait pas que la reprise soit meilleure que l’original.
David Afkham apporte une surprenante douceur au thème d'ouverture, laquelle contraste avec l’effectif important présent sur scène. La maîtrise de l’orchestre et de l’acoustique de Santa Cecilia est parfaite. Du piano, Martin Helmchen indique toutes les inflexions au maestro qui s’efface complètement, même si l’on voit émerger ponctuellement, au-dessus de sa tête, sa baguette tournoyante. À cette double direction s’en ajoute une troisième, celle du sautillant premier violon Carlo Maria Parazzoli, qui menaçait d'en tomber de sa chaise lors de l’ouverture. S’il cède, comme David Afkham l’espace au soliste, il n’en jette pas moins des regards noirs lorsque, par deux fois, une sonnerie de téléphone retentit dans l’Auditorium. Avec cette direction en trio, le concert est on ne peut mieux lancé. L’entêtement du Rondo de la Romance, avec tout son humour, est bien retranscrit par le pianiste. Le choix des cadences écrites par Beethoven cèdent la place à un autre raffinement, celui du développement méticuleux des contrebasses du premier mouvement. Le dernier mouvement fera la part belle aux contrastes de nuance, de piano en forte subito. La dernière note posée, le pianiste et le chef se donnent une accolade chaleureuse. En rappel, Martin Helmchen poursuit la douceur mozartienne avec l’Adagio de la Sonate n°12 pour piano (K332). Abandonnant la queue-de-pie, il rejoint les rangs du public pour la seconde partie du concert.