L'Opéra de Dijon est plus qu'une simple maison d'opéra : de septembre à juin, la programmation comprend une large sélection d'œuvres pour orchestre, chœur, ensemble de chambre ou soliste, ainsi que des événements et des ateliers pour les jeunes publics. Quant à l’opéra, les productions présentées cette année, bien que peu nombreuses, sont variées et présentent un grand intérêt.

On attend avec impatience Il Turco in Italia de Rossini, un opéra bouffe dont la musique parvient à transformer la farce la plus exubérente en un moment d’enchantement exaltant. La mise en scène de cette coproduction réalisée avec le Festival Aix-en-Provence, le Teatro Regio Torino et le Teatr Wielki est signée par Christopher Alden et joue avec subtilité sur les éléments les plus modernes du livret, comme en témoigne une de nos critiques.

Si vous souhaitez être éblouis par un casting de stars, allez voir le Mitridate, Re di Ponto de Mozart. Accompagnés dans la fosse par la remarquable Emmanuelle Haïm et Le Concert d’Astrée, Michael Spyres et Patricia Petibon suffiront à eux-seuls à attirer les mélomanes, sans même mentionner la présence à leur côté de Cyrille Dubois et Christophe Dumaux dont nos critiques ont déjà salué “le chant élégant et rayonnant” et “la brillante technique” respectivement.

La production de Médée de Cherubini, mise en scènce par Jean-Yves Ruf, ne compte peut-être pas autant de « stars », mais l’œuvre est fantastique et à ne surtout pas manquer si vous ne l’avez jamais vue auparavant. On ne comprend pas pourquoi cet opéra n’est pas joué plus souvent car il a presque toujours reçu 5 étoiles de la part de nos critiques, et ce des deux côtés de l’Atlantique.

Pour découvrir une œuvre qui sorte des sentiers battus, rendez-vous au Grand Théâtre pour entendre La Rivière aux Courlis de Benjamin Britten. Cette « parabole d’église » est l’adaptation d’une pièce japonaise du 16e siècle sous la forme d’un mystère médiéval, et comme vous pouvez vous y attendre de la part de Britten, les voix et les différents instruments de l’orchestre se mêlent en une profusion de timbres.

À une heure à l’Est de Dijon, dans la pittoresque ville mediévale de Besançon, La Petite Renarde rusée de Janacek sera interprétée au Théâtre Ledoux ; et, en vous aventurant un peu plus encore dans les montagnes, vous pourrez faire découvrir Hänsel und Gretel à vos enfants autour d’un pic-nic dans le Haut-Jura.

La saison orchestrale est très riche et comprend notamment des artistes et ensembles de haut-vol avec lesquels vous n’êtes peut-être pas familiés si vous avez l’habitude d’assister à des concerts en dehors de l’Europe continentale. Le remarquable violoniste David Grimal et Les Dissonances célèbreront le dixième anniversaire de cette formation singulière, jouant sans chef et avec cette fraîcheur qui les caractérise, lors de deux concerts aux programmes aussi attrayants l’un que l’autre : la Cinquième Symphonie de Beethoven et le Concerto pour violon de Tchaikovski.

Anima Eterna Brugge est un autre orchestre avec lequel les auditeurs américains et britanniques ne sont peut-être pas familés. Dirigée et fondée par Jos van Immerseel, cette formation s’est spécialisée dans les interprétations historiques, sans limiter pour autant leur répertoire aux œuvres de l’époque baroque ou classique – comme cela se fait souvent pour ce type d’interprétations « historiquement informées » – mais au contraire en explorant des répertoires plus récents ainsi qu’en témoigne un concert présentant des œuvres de Schubert, Ravel et de Falla.

L’agenda des concerts n’est pas non plus en manque de stars internationales. François-Xavier Roth et le SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg feront entendre, le 30 janvier, la Symphonie n°3 de Mahler avec la soliste hautement estimée Petra Lang. Trois jours plus tard, Fazil Say interprétera ses propres compositions ainsi que des œuvres de Mozart accompagné par la Camerata Salzburg. Quant à Stéphane Dégout, il interprétera le rôle de Jésus dans La Passion selon saint Mathieu de Jean-Sébastien Bach donnée, comme de coutume, à l’approche de Pâques. A la fin du mois de mars, le Mahler Chamber Orchestra est rejoint par Isabelle Faust. Les amoureux du baroque pourront apprécier le ténor Ian Bostridge, dont la déclamation française est remarquable, dans un programme comprenant des extraits d’œuvres de Rameau, de Lully ou encore de Haendel, accompagné par Christophe Rousset à la tête des Talens Lyriques (lequel a été nommé à deux reprises lors de l’édition 2014-2015 des Bachtrack Opera Awards).

Quant aux récitals de soliste, Brice Pauset, artiste en residence, interprétera les œuvres complètes de Louis Couperin au clavecin et à l’orgue, et Maria João Pires jouera les œuvres tardives pour piano de Schubert.

Parmi les concerts de musique de chambre, notons une série consacrée à Chostakovitch par le Quatuor Casals accompagné du pianist Alexander Melnikov, ainsi qu’un programme combinant, autour du thème de la mythologie, des œuvres baroques, romantiques et contemporaines interprétées par des artistes tels que le baryton Georg Nigl et le pianiste Andreas Staier.

Si vous visitez l’Auditorium de Dijon pour la première fois, ne vous fiez pas à son apparence extérieure dont le style brutaliste évoque plutôt un centre de conférence. Entrez à l’intérieur, et vous découvrirez une salle belle et confortable à l’acoustique excellente – et qui explique en partie, peut-être, cette programmation remarquable que l’on ne s’attend pas à trouver dans une ville de la ville de Dijon.

Cet article a été sponsorisé par l’Opéra de Dijon.