Avec Work/Travail/Arbeid, Anne Teresa de Keersmaeker transpose Vortex Temporum, création composée en 2013 pour la scène, en une exposition chorégraphique dans l’enceinte du Centre Pompidou. Interprété par la compagnie Rosas et la formation musicale contemporaine Ictus, ce passage de la forme du spectacle à celle de la performance muséale est l’occasion de questionner les conventions de la scène et du rapport au public.
Dans une salle d’exposition unique, où le public entre, sort et s’assoit librement à terre, neuf séquences de danse d’une heure s’enchaînent en continu. Danseurs et musiciens évoluent dans la pièce au gré de la chorégraphie, traversant de part en part cet immense espace dénué de tout élément de décor. La scénographie reste très abstraite, les artistes sont vêtus de blanc et chaussés de baskets, évoquant le côté désincarné du musée.
Créé à partir de Vortex Temporum, une chorégraphie d’une heure sur la musique de Gérard Grisey, Work/Travail/Arbeid se déploie dans le temps. Si l’élaboration d’un spectacle dans l’espace d’un musée, où le spectateur est mobile, déboucherait plus naturellement sur une construction courte et répétitive, la chorégraphe flamande explique avoir voulu aller à rebours de cet instinct en étirant sa création dans le temps. Vortex Temporum a donc été redimensionné et décomposé en un cycle long incluant neuf séquences de danse et de musique. Chacun de ces segments se veut une quintessence de la chorégraphie, de son langage extrêmement primitif et de son rapport essentiel à la musique, où chaque note fait tressaillir les danseurs et déclenche le geste.