Le cadre ne saurait être plus idyllique. Loin de l’agitation des maisons d’opéra lors des soirs de première, les bavardages vont bon train à l’ombre des platanes par dessus le chant des cigales. Alors que le soleil décline à l’horizon, un public en tenue légère se rassemble au Théâtre de l'Archevêché, dont la scène à ciel ouvert permet encore de profiter de la douceur de la température. Le Festival d'Aix-en-Provence est un avant-goût de ce que serait un paradis lyrique – productions de première qualité (souvent co-produites avec une grande maison d’opéra européenne) dans l’une des villes les plus pittoresques du sud de la France. Le festival est organisé depuis 1948, et ce qui était à l’origine une célébration de Mozart est devenu au fil des années un événement bien plus large, ayant permis de faire redécouvrir des œuvres anciennes et d’être à l’origine de commandes majeures.
Les représentations ont lieu à trois endroits. L'ambiance au Théâtre de l'Archevêché est très particulière, avec la levée de rideau à 21h00 alors que la nuit tombe sur la ville. Le Grand Théâtre de Provence, ouvert en 2007, est une salle large et confortable, tandis que le Théâtre du Jeu de Paume, un petit joyau d’architecture baroque datant de 1756, peut accueillir tout juste 500 spectateurs. La diversité dans le répertoire se reflète dans le programme. Mozart est bien présent – un compositeur aussi indissociable de l'histoire d’Aix qu’il l'est de celle de Glyndebourne – mais également Purcell, Strauss, Prokofiev, et une création mondiale. S'ajoutant aux productions lyriques, il y a un un programme de concerts et de récitals, et l’Académie du Festival d’Aix accueille des jeunes musiciens du monde entier.
La metteuse en scène Katie Mitchell a rencontré un franc succès à Aix avec ses mises en scène de Written on Skin de George Benjamin, Alcina en 2016, et le très apprécié Pelléas et Mélisande. Cet été, elle dirige Ariadne auf Naxos de Strauss, une œuvre où s'affrontent art « noble » et art « populaire ». Dans la demeure de l’homme le plus riche de Vienne, un compositeur qui s’apprête à donner la première de son opera seria est sommé de le représenter simultanément avec une comédie paillarde afin que les deux spectacles s’achèvent à 21:00, à temps pour profiter des feux d’artifice dans le jardin. Avec sa préférence pour les mises en scène compartimentées, Katie Mitchell devrait sans problème réussir à présenter ces deux spectacles en même temps ! Cette co-production sera ensuite présentée au Théâtre des Champs-Elysées, aux Théâtres de la Ville de Luxembourg et à l’Opéra national de Finlande.
Le plateau vocal inclut une jeune artiste déjà au sommet de la gloire. Sabine Devieilhe a hérité de Natalie Dessay une position éminente parmi les coloratures françaises et devrait être parfaite dans le rôle de Zerbinette, ce personnage impertinent à la tête de la troupe burlesque dont la ligne de chant contient des pyrotechnies vocales de haut vol. Lise Davidsen, sculpturale soprano norvégienne qui a remporté le concours Operalia en 2015, joue la prima donna et partagera la scène dans le rôle d’Ariane.
L’Ange de feu de Prokofiev est plus sombre : une jeune femme cherche son « ange de feu » dont elle est amoureuse depuis l’enfance, lequel lui a promis d’apparaître sous une forme physique. Croyant l’avoir trouvé, Renata se donne au comte Heinrich. Le chevalier Ruprecht (amoureux de Renata) l’aide à obtenir vengeance, mais Renata finit au couvent, puis condamnée au bûcher après avoir été accusée de possession démoniaque. Mariusz Treliński signe cette nouvelle mise en scène, co-produite par l’Opéra national de Pologne et l’Opéra national de Norvège. Ausrine Stundyte a déjà fortement marqué les esprits dans le rôle de Renata : « impressionnante… n’ayant pas peur de pousser sa voix jusqu’à la limite et d’explorer toutes les nuances. »
Le Théâtre du Jeu de Paume accueille la première mondiale de Seven Stones du compositeur tchèque Ondřej Adámek, œuvre initialement programmée pour l’édition 2016 du festival mais finalement reportée en raison de contraintes budgétaires. Co-production avec Accentus / Opéra de Rouen, cet opéra relate l’histoire d’un minéralogiste à la recherche de « la première pierre » – en référence au récit de la femme adultère sauvée par Jésus.
Déjà donnée à Aix en 2014, la mise en scène par Simon McBurney de La Flûte enchantée de Mozart – une co-production avec l’Opéra national des Pays-Bas et l'English National Opera – se débarrasse de nombreux artifices théâtraux. Vidéastes et bruiteurs créeront les décors et l'ambiance sonore sous les yeux du public. Dirigé par Raphaël Pichon, le plateau inclut Stanislas de Barbeyrac dans le rôle de Tamino, Thomas Oliemans dans celui de Papageno et Kathryn Lewek dans celui de la Reine de la Nuit.
Un nouveau Didon et Enée est présenté en partenariat avec l’Académie du festival. Vincent Huguet dirigera le chef-d'œuvre de Purcell avec la soprano sud-africaine Kelebogile Pearl Besong dans le rôle de Didon et Tobias Greenhalgh dans celui d’Enée.
Parmi les concerts et récitals qui complètent le programme, ne manquez pas Stéphane Degout en compagnie d’Alain Planès ainsi que l'exploration par le Quatuor Arod de la figure de Mathilde Zemlinsky dans son rôle de muse. Ce dernier concert présente des œuvres composées par le frère de Mathilde, Alexander, son mari, Arnold Schoenberg, et Anton Webern, qui l'a convaincue de quitter son amant pour rejoindre son époux. Sabine Devieilhe s’associe au Quatuor Arod pour le Quatuor à cordes n°2 de Schoenberg, une œuvre qui repousse les limites du genre et qui a été composée au moment où Mathilde avait fui avec l’artiste Richard Gerstl.
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