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Humour et paillettes au Palais Garnier avec Jerome Robbins

Von , 26 Oktober 2023

Avec trois œuvres datées des années 1960 et 1970, le Ballet de l’Opéra de Paris nous fait redécouvrir le répertoire du chorégraphe américain Jerome Robbins, emblématique de la danse néoclassique. Entre minimalisme et paillettes, ce programme donné au Palais Garnier apporte une touche d’humour bienvenue grâce à son dernier tableau The Concert.

Hugo Marchand et Hannah O’Neill dans En Sol
© Svetlana Loboff / Opéra national de Paris

Inspiré par la pureté aquatique de la musique de Ravel, Jerome Robbins imagine avec En Sol une fresque marine abstraite et joyeuse. Des baigneurs au costume rayé façon années folles tremblotent d’une excitation toute estivale, avec des déhanchés pétillants et des poses mutines. Tous musardent dans l’allégresse d’un été à la plage, quand un couple en blanc se rencontre. À la fois minimal et suggestif, leur pas-de-deux amoureux dansé par Hugo Marchand et Hannah O’Neill (nouvellement nommée étoile) s’entame pas à pas dans une poétique invitation à la danse.

Très à l’aise dans ce répertoire néoclassique, Hannah O’Neill place des regards justes bien qu’ils auraient pu être davantage habités. Hugo Marchand reste quant à lui plus en retrait dans ce rôle de simple partenaire. Quoiqu’on puisse regretter par instants une gestuelle cabaret un peu datée dans En Sol, tels que les petits coups de fesse des danseuses pour faire frétiller les mini-jupes, on apprécie la belle performance du corps de ballet féminin, et en particulier celle de l’immanquable Inès McIntosh.

Ludmila Pagliero et Mathieu Ganio dans In the night
© Svetlana Loboff / Opéra national de Paris

Avec In the night ensuite, trois couples dansent à tour de rôle sur les Nocturnes de Chopin et sur fond de nuit étoilée. Personnages en costumes surgis d’un conte de fée dont on ne connaît pas l’histoire, ils représentent trois stades différents de l’amour. Ces pas-de-deux, à la fois esthétiquement chorégraphiés quoique mièvres par moments, sont représentatifs du style de Jerome Robbins.

Interprété par Sae Eun Park et Paul Marque, le premier couple apparaît dans un vêtement romantique pour représenter les premiers émois. Tous deux virtuoses, ils restent toutefois un peu timides sur le plan de l’incarnation. Le deuxième couple, formé par Ludmila Pagliero et Mathieu Ganio, deux étoiles mûres du Ballet, porte le brun de la sagesse. Grande dame en robe de bal seigneuriale et chevalier au plastron, ils imposent sans effort une présence envoûtante. Enfin, un troisième couple plus fiévreux incarne la passion, avec des portés alambiqués où la danseuse s’enroule et s’ébat. Dans une grande robe noire ourlée de rouge de tragédienne, Amandine Albisson apporte une belle présence sur scène, tandis qu’Audric Bezard à ses côtés confirme sa qualité de partenaire attentif.

The Concert de Jerome Robbins au Palais Garnier
© Svetlana Loboff / Opéra national de Paris

Pour conclure, le ballet The Concert, ou les malheurs de chacun met en scène une farce burlesque. Une pianiste entre en scène, règle son siège et époussette son clavier avec humeur, avant de jouer cérémonieusement le répertoire de Chopin. Des danseurs paraissant tirés d’un cartoon la rejoignent sur scène, affublés de tuniques bleues et d’une panoplie d’accessoires drolatiques, tels que des sacs à main, des chapeaux à fanfreluche, de grosses lunettes, ou encore des postiches cocasses. Deux commères s’asseyent sur des chaises pliantes pour épier la pianiste ; une ballerine interprétée par une Léonore Baulac désopilante se pâme devant le piano qu’elle enlace ; Marine Ganio, en mélomane intransigeante, s’échauffe au son des accords du piano ; une mégère et son mari volage se crêpent le chignon ; un jeune trouillard sursaute au moindre mouvement.

The Concert de Jerome Robbins au Palais Garnier
© Svetlana Loboff / Opéra national de Paris

Jerome Robbins – réputé plus drôle dans ses chorégraphies que lors des répétitions – imagine alors une série de tableaux pleins d’humour qui tournent en dérision les codes de la danse classique : des jeunes filles en tutus sont traînées à travers la scène comme des poupées absurdement inanimées, un troupeau de gourdes entament une grande variation romantique parsemée de ratés (l’une d’elles porte des lunettes myopes sur scène, une autre oublie de tenir la pose ou entre en collision avec sa voisine…). Dans un finale virevoltant et interprété avec esprit par le Ballet, les personnages se transforment en de ridicules petits papillons que la pianiste chasse de scène au filet.

****1
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“une série de tableaux pleins d’humour qui tournent en dérision les codes de la danse classique”
Rezensierte Veranstaltung: Opéra national de Paris: Palais Garnier, Paris, am 24 Oktober 2023
En Sol (Jerome Robbins)
In The Night (Jerome Robbins)
The Concert (or, The Perils of Everybody) (Jerome Robbins)
Ballet de l'Opéra de Paris
Maria Seletskaja, Musikalische Leitung
Erté, Bühnenbild, Kostüme
Orchestre de l'Opéra national de Paris
Anthony Dowell, Kostüme
Paul Steinberg, Bühnenbild
Irene Sharaff, Kostüme
Frank Braley, Klavier
Hugo Marchand, Tänzer
Hannah O'Neill, Tänzer
Inès McIntosh, Tänzer
Sae Eun Park, Tänzer
Paul Marque, Tänzer
Ludmila Pagliero, Tänzer
Mathieu Ganio, Tänzer
Amandine Albisson, Tänzer
Audric Bezard, Tänzer
Léonore Baulac, Tänzer
Marine Ganio, Tänzer
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